Sur les traces du passé de ST LORMEL
Par MCG65-GANDI le mardi 5 juin 2012, 00:12 - RANDOS - Lien permanent
Les randonneurs, au nombre de 67, visitent deux monuments
historiques:
- L'église du Vieux Bourg ou l'ancienne église de St
Lunaire.
Dans son "Histoire du Pays de Dinan", H. Monnier s'interroge :
"Est-ce St Lunaire ou un ermite nommé Lormel qui, avançant sur une voie antique
à travers la campagne portant encore des blessures infligées par les pirates
saxons, décida de se fixer ici ? Nous l'ignorerons toujours".
Quoiqu'il en soit St Lunaire est patron de la paroisse de St
Lormel.
La 1ère église fut érigée au VIIème
siècle sur les restes d'un temple celte du 2ème siècle avant J.C. Démolie, elle
est reconstruite en l'an 1000 et de nouveau aux XVème et XVIème siècle.
Elle possède un enclos paroissial où l'on trouve
- un if probablement millénaire mesurant sept mètres de
circonférence. Ce conifère était vénéré par les Celtes qui éveillaient en eux
le sentiment de l'éternité.
- un calvaire avec un Christ portant une culotte bouffante
(ce détail vestimentaire permet de le dater du XVIème siècle).
Sur la façade ouest, un porche constitué de 3 arcs sur des
colonnes à chapiteaux sculptés de têtes, d'épis et divers motifs symbolisant la
fertilité et la fécondité.
Sur la façade sud, une porte de style flamboyant de la fin du XVème siècle dont
la bordure est décorée d'un lion et d'une
chimère.
Autrefois, sur la façade nord, s'ouvrait une chapelle latérale, dite
Chapelle de l'Argentaye.
A l'intérieur, l'autel est encadré par des statues, en bois
polychrome:
Une Vierge à l'enfant, une statue de St Lunaire et de St Vincent Ferrier (frère
dominicain espagnol).
Un bénitier est orné
d'un curieux mascaron. Dans l'Antiquité, ce type de sculpture était destiné à
éloigner les mauvais esprits.
Une cuve baptismale en granit, classée du XIIème siècle,
possède 4 poignées symbolisant les 4 points cardinaux en forme de têtes.
Une margelle du puits
dit de St Lunaire dont son eau avait la réputation d'être, avec la bénédiction
du Saint, un remède pour les maux d'yeux.
En 1984-1986, lors de travaux de
remise en état et d'entretien, une grande quantité d'ossements ont été
découverts. Ceci confirme qu'au moins jusqu'au milieu du XVIIIème siècle, les
morts étaient enterrés dans l'église.
Cette église était un sanctuaire très vénéré et fréquenté par maintes nobles
personnes: Hervé de Malestroit, le Seigneur de La Motte, le Seigneur des
Courtillons, Chambellan du Duc et son épouse Perrette de Largentaye.
- Le Château de L'Argentaye ou Largentaye
L'un d'entre nous, Gérard, ayant passé
sa jeunesse dans ce château, s'est fait un plaisir de nous le faire visiter
avec les propriétaires.
Nous sommes accueillis par Mlle Aliette Rioust de L'Argentaye, arrière-arrière
petite fille du bâtisseur et Mr Pierre de Geoffre.
Le château se situe à l'emplacement des manoirs anciens qui se sont succédé,
usés par le temps et les assauts, pour y surveiller et commander la navigation
sur l'Arguenon.
Vers 1820-1830, la famille Rioust de L'Argentaye obtiendra des
subventions pour construire une ferme moderne avec poulailler, écurie ... Nous
ne pouvons que constater qu'à cette époque, les animaux vivaient dans un grand
espace. C'était une des premières fermes modernes. Pas étonnant que le
propriétaire parlait de "mon Q.G".
De 1835 à 1851, le château, qui fut édifié par l'architecte P.L. HAMON (né à
St Malo), ancien élève des architectes de Napoléon 1er, est un des grands
édifices néo-classiques conservés en Bretagne. On emploiera un matériau local,
la pierre grise de Chausey.
Cette architecture utilise les éléments gréco-romaines (colonnes, fronton ...).
C'est pourquoi, il sera assimilé à "une villa italienne en Val
d'Arguenon".
Au rez-de-chaussée: le grand hall
d'entrée et l'escalier d'honneur desservent les pièces de réception. Une
orangerie existe également.
Les 2 étages (dont le premier avec un balcon) se composent de chambres.
A l'arrière du château, un
colombier qui possède un certain nombre de boulins
(trous).
Que
représentent-ils ? Chaque boulin correspond à un acre (50 ares ou 1/2 ha)
du domaine. Certains randonneurs en comptent au moins 800. Alors, peut-on
estimer la superficie du domaine à 400 ha?
Une chapelle construite de 1854 à 1856, de style
néogothique, abrite plusieurs tombeaux.
Ce château imposant est au cœur d'un
parc entouré d'un haut mur en pierres (chaque côté mesure 300 mètres).
Le jardin d'agrément (rosiers, iris ...) et le potager (poireaux, oignons,
tomates ...) bénéficient d'un abri exceptionnel. Tout pousse à merveille
...
Nous sortons par " la petite porte" pour
atteindre la Chapelle St Pierre, délimitée par un alignement
de roches de même nature que les Pierres Sonnantes du Guildo.
A quelques centaines de mètres, la ferme de La Bonne Église.
qui s'inscrit dans le paysage bucolique du hameau de St Pierre.
Ensuite, nous longeons la rive gauche de l'Arguenon par les
herbus. Cette rivière était fréquentée par la batellerie locale dont les
gabarres se livraient à un va-et-vient quotidien entre le Guildo et Plancoët.
Elles assuraient le transport de la marne qui, prélevée dans
la grève du Guildo, était destinée à amender les terres argileuses.
Parfois, les fausses manœuvres faisaient échouer la gabarre; alors, une brève
sentence était émise:
"A la mode des gabarres, le plus c.. est à la barre !"
En morte-eau, on ne pouvait rallier Plancoët, alors les gabarres accostaient au
port de La Nouette. Aujourd'hui, la rampe d'accès est envasée
et recouverte de végétation. Toutefois, on peut la distinguer par endroits, en
surplomb des marais.
Nous poursuivons jusqu'au moulin de Bellenray, moulin à marée
implanté sur l'estuaire de la rivière Guébriand.
Ensuite, nous empruntons la rue de la
petite Suisse (ancienne voie ferrée) et le Pont Pleven
(construit en 1973) pour rejoindre la rive droite de l'Arguenon.
Encore, quelques kilomètres ... Et, nous arrivons sur le pont de St Lormel.
Construit en 1905, il était "tournant" pour les besoins de la navigation.
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